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Loup y es tu ?


On a cru y être arrivé ! Couché 20h, une histoire, un bisou et hop dodo sans veilleuse, la porte fermée et sans réveil nocturne intempestif ! Enfin ça, c'était avant ! Avant lui ... le loup ! Non, pas le loup ! Le GRAND MÉCHANT LOUP !

En 2018, on croyait y échapper mais c'était sans compter sur la littérature jeunesse qui en plusieurs centaines d'années n'a pas trouvé mieux comme bouc émissaire animalier. Et avec la peur du loup s'est invitée la peur du noir. Car dans le noir, comment savoir où le loup se cache, tapi sous le lit, dans l'armoire ou bien blotti derrière le rideau.

Alors avant de s'arracher les cheveux pour trouver une solution et récupérer nos soirées, si on essayait de comprendre l'origine du problème.


La peur du noir

La peur du noir est LA PEUR par excellence ! Peut-être même la première de toute les peurs, avant même celle de la mort. Celle qui faisait trembler nos ancêtres recroquevillés dans leur caverne ! Dans la nuit noire, impossible de voir le tigre à dents de sabre tapi dans l'ombre prêt à bondir ! Dépourvus de feu, les hommes préhistoriques étaient la nuit à la merci de leurs prédateurs.

L'idée que le noir a une symbolique inquiétante revient également plus tard dans les textes religieux, souvent associée aux enfers et à la mort. Cette idée perdure encore aujourd'hui, malgré les réverbères, la nuit reste inquiétante, source de tous les dangers.

La peur du noir prend naissance dès le plus jeune âge. Dès les premiers mois, le nourrisson éprouve des inquiétudes lorsque le soleil vient à se coucher. Non pas qu'il associe la nuit à quelconque être maléfique mais plutôt à l'absence de sa mère. Très tôt il apprend qu'à la nuit tombée, sa mère le posera dans son berceau et partira de la chambre sur la pointe des pieds. C'est bien la séparation qui l'inquiète alors à ce stade là.

C'est vers l'âge de 2 ans que la nuit devient réellement source d'angoisse en tant que telle. D'abord avec l'arrivée des cauchemars . Ces derniers racontent les punitions de la journée, les menaces de la veille et les bobos à venir.

Dans le noir, l'enfant perd également ses repères spaciaux-temporels. Tous devient immense, sans limite, sans mur. Et surtout, on n'y voit rien. Pas le doudou rassurant ni la photo de papa maman sur la table de chevet. Même pas la porte qui pourrait nous permettre de nous échapper. Privé de la vue, l'enfant se sent totalement impuissant et tout devient menaçant. Le moindre mouvement, le moindre bruit. L'escalier qui craque devient la jambe de bois du pirate, une porte qui grince devient le ricanement d'une sorcière et le chien du voisin qui hurle devient la complainte du loup. A cet âge, l'enfant ne fait pas la différence entre le monde réel et le monde imaginaire, donc tout s'avère possible.

Cette peur du noir pourra venir s'accentuer vers 4-5 ans et disparaitre vers l'adolescence alors, il ne nous reste plus qu'à être patient !


La peur du loup


Nombreuses sont les histoires et les comptines mettant en scène le loup, carnassier, méchant, sournois et sans pitié. " Qui a peur du grand méchant loup ?", tous le monde ! Enfin surtout à une époque. Jusqu'au 19ème siècle, lors des hivers rigoureux, les loups qui ne trouvaient plus à manger, quittaient leur forêt pour trouver pitance parmi les troupeaux du berger. La peur du loup était donc légitime.

Dans les contes, le loup est aussi l'étranger, celui à qui il ne faut pas adresser la parole sous peine de ... disparaitre. Comme le petit chaperon rouge qui, ne se méfiant pas et n'écoutant pas les conseils de sa mère, finit dévorée par le loup. Cette version de l'imaginaire était également là pour faire passer un message aux enfants. Ne pas faire confiance aux inconnus et apprendre à être prudent.

Malgré une volonté de tourner le loup en ridicule ou de lui offrir un visage plus amical, les livres actuels ne permettent pas de convaincre et la peur du loup reste solidement ancrée dans l'imaginaire collectif et notamment chez les enfants. Le loup est gigantesque, ses dents sont aiguisées, son pelage est dru et ses yeux luisent dans l'obscurité. L'obscurité, justement ! La peur du loup, si elle existe que la lumière soit allumée ou éteinte, s'amplifie avec l'arrivée de la nuit. Car la nuit, on ne voit rien, tous les chats sont gris et les loups sont de sortie !


Il existe bien d'autres peurs, comme celles des monstres par exemple. Mais comme celle du loup, elle se rapporte au fait que l'enfant qui ne fait pas encore la différence entre le réel et l'irréel, craint pour son intégrité. Le monstre est le démon qui pénètre dans le foyer pour subtiliser l'enfant à sa mère, le dévorer ! L'enfant est bien trop fragile face à lui, ses parents sont couchés et ne peuvent plus assurer sa sécurité. Il est seul face à ses peurs dans l'obscurité.

Comprendre l'origine des peurs nous aide à nous mettre à la place de notre mini-nous, pleurant à chaudes larmes au fond de son lit nous suppliant de dormir avec lui. Alors maintenant que l'on a compris, si on l'accompagnait vers le chemin de l'apaisement pour retrouver enfin de meilleures nuits ?! Je vous glisse mes conseils dans un prochain article ;).




Article réalisé grâce à la lecture "Peur du loup, peur de tout" de Béatrice Copper-Royer.














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