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Mon allaitement

  • Photo du rédacteur: Ours Grenouille
    Ours Grenouille
  • 13 août 2018
  • 6 min de lecture

L'allaitement. Un combat que je n'aurais jamais pensé mener il y a quelques années en arrière. Un combat pour le mettre en place, pour le défendre contre les avis extérieurs, pour le valoriser aux yeux de la société. Un acte si naturel qui est devenu tabou. Pourquoi ? Parce que sans doute le corps de la femme est constamment sexualisé, alors voir une maman qui allaite, ce n'est plus voir une mère qui nourrit son enfant mais une femme qui exhibe son sein. Certains diront que c'est la peur de la gente masculine de voir la femme effectuer un acte que eux ne pourront jamais faire. D'autres diront que c'est le lobby du lait infantile pour vendre encore et toujours plus. Il y a tellement de raisons. Mais il y en a encore plus pour valoriser l'allaitement. Pas pour culpabiliser celles qui ne peuvent pas ou qui ont fait le choix de ne pas allaiter mais pour celles qui ont mal, qui doutent, qui se cachent, qui se retrouvent seules. Il faut leur dire que leur lait est tellement bon pour leur bébé, qu'il contient tout ce qu'il faut pour lui, qu'elles seules doivent décider comment nourrir leur enfant, que cela ne les regarde qu'elles.

La mise en place


A la naissance de l'ourson, j'ai eu la chance de tomber sur une équipe à la maternité très favorable à l'allaitement et qui m'a beaucoup aidée et conseillée sur les positions, les solutions pour éviter d'avoir mal, sur la gestion des monter de lait etc. A la sortie, j'étais sûre de moi. Sûre de donner le meilleur à mon bébé.

Arrivés à la maison, tout est devenu différent. J'ai eu de nouveau mal, je n'arrivais plus à positionner mon bébé. Mon ourson râlait beaucoup et me demandait souvent. Il avait mal au ventre. Tantôt les tétés diminuaient, tantôt elles devenaient anarchiques. J'avais du mal à suivre le rythme, aussi bien physiquement que moralement. Tantôt j'étais comblée par l'allaitement, tantôt je ne pensais qu'à arrêter. J'ai parfois été au bord du gouffre, envahie par l'obscurité, et je me disais "à quoi bon". Mais je voulais continuer, persévérer. A la fois car je savais que l'allaitement était le mieux pour lui, à la fois pour envoyer balader le monde entier. Ceux qui me disaient d'arrêter, de donner un biberon, de me libérer de ce fardeau, de faire participer le papa, de partager les nuits etc. Plus je les entendais et plus je voulais leur prouver qu'ils avaient tord.

Malgré ma hargne, j'étais souvent stressée, triste et vidée. Il y a avait des jours où je passais ma journée à allaiter, l'ourson me réclamant toutes les heures. Et je répondais présente malgré la douleur. Je me sentais terriblement seule, car même si Papa Ours me soutenait, il ne pouvais pas comprendre ce que je vivais. Et puis un jour j'ai dit stop ! Alors j'ai ravaler mes larmes et je me suis mise à chercher des solutions.

A l'aide


Je pense avoir été puiser l'information partout où je pouvais la trouver. J'ai lu, épluché chaque article de LLL (La Leche League) , été à une réunion sur l'allaitement dans une maternité, vu une conseillère en lactation et rien n'y a fait. J'ai d'ailleurs beaucoup souffert des injonctions contradictoires que j'ai pu recevoir durant cette recherche. Entre la PMI qui me laissait croire que je nourrissais trop mon enfant et qu'il fallait que j'espace et la conseillère en lactation qui m'invectivait de nourrir mon bébé au moindre signe d'éveil, je ne savais plus sur quel pied danser. Jusqu'au jour où ... j'ai osé prendre mon courage à deux mains et ai franchi les portes d'une réunion de LLL. Pour moi c'était la secte de l'allaitement où toutes les femmes se retrouvent en cercle, le sein à l'air prêtes à être dévorées par leurs bambins en âge d'aller à la fac le tout en mangeant des gâteaux au lait maternel. Et c'est un peu ça... mais pas que. Ce sont des mamans qui rencontrent elles aussi des difficultés, d'autres qui ont déjà traverser les flammes et d'autres qui profitent encore un peu plus.

Et j'ai eu enfin le sentiment de ne pas être seule, d'être entendue et j'y ai surtout trouvé des solutions. J'ai appris que le bébé traversait des pics de croissance et que c'était pour ça que parfois il demandait autant. Que le lait s'adapte à sa croissance et que si les seins étaient suffisamment stimulés, on ne pouvait pas manquer de lait. Que j'avais un réflexe d'éjection fort que c'était pour ça que l'ourson se tortillait parfois, qu'il avait mal au ventre et j'avais si mal pendant la montée de lait.

Et puis une autre chose inattendue. Durant la réunion j'ai du allaiter l'ourson, sur une chaise étroite, sans coussin. Et j'ai réussi, sans avoir trop mal. En rentrant j'ai dis à Papa ours que j'allais passer la semaine à ne faire que allaiter s'il le fallait, mais que je prendrais le temps de bien me positionner. Alors toute la semaine, sans précipitation, j'ai allaité. Aidée de Papa Ours qui m'aidait à installer l'ourson au sein. Je me suis rendue compte que le coussin d'allaitement pouvait être un mauvais allié. Quand on sait comment se mettre tout va bien, mais lorsqu'on en est encore aux balbutiement de la mise en place de l'allaitement, il devient encombrant, trop lourd, trop mou, on s'y emmêle, le bébé s'y perd. Alors je l'ai enlevé. Juste le temps d'être à l'aise sans.

J'ai aussi appris à allaiter allongée. Pour me reposer. Et finalement j'ai gardé cette position bien après.


Je ne suis pas retournée à une réunion de LLL. Mais je savais que je pouvais y retourner si un jour il le fallait.

Après la pluie le beau temps


La mise en place de l'allaitement est probablement l'une des épreuves les plus dures que j'ai eu à traverser. Cela n'a duré qu'un peu plus d'un mois mais cela m'a paru une éternité. Elle m'a malmenée autant physiquement que psychologiquement. Mais elle m'a aussi montré à quel point j'étais forte, courageuse et persévérante. Alors une fois la tempête passée, j'ai pu enfin en profiter. Profiter de ce lien unique. Je ne parle pas du lien d'amour, car celui-là, allaitement ou biberon, est bien présent. Je parle d'une continuité de la grossesse. Un lien corporel qui rappelle qu'avant la naissance nous nourrissions déjà notre bébé. Et que même né, nous continuons à être connectés, à ne faire plus qu'un. Ce lien n'est pas évident à décrire, mais il se ressent et se laisse apprécier.

Ce qui m'a aussi aidée à supporter le quotidien parfois difficile, a été l'acceptation. Accepter que certaines journées ne se résument qu'à allaiter, essayer de dormir un peu et faire la moitié de la vaisselle. Accepter que certains jours l'ourson reste collé à mon sein sans répit. Le temps fait bien son travail, au fur et à mesure les tétées s'espacent et nous laissent plus de temps pour souffler.

Une fois les difficultés dépassées, plus rien ne pouvait m'arrêter. Mon allaitement, je ne l'avais pas volé, alors j'allais en profiter. Malgré les "tu allaites encore ?" "comment tu fais quand tu sors ?" ou "tu as encore assez de lait ?". Je n'étais pas prisonnière, j'étais juste heureuse d'allaiter mon enfant.

J'ai allaité mon ourson pendant 13 mois. Je voulais aller jusqu'au sevrage naturel mais là encore il n'y a pas de règle et il faut savoir s'écouter. Alors, à un moment donné j'ai décidé d'arrêter. Mais pas par pression sociale, pas pour être plus libre, juste parce qu'à ce moment là je m'étais dit que j'étais allée au bout. Le sevrage s'est fait tout naturellement et l'ourson n'a pas semblé en souffrir. Après l'allaitement, il ne restait que les câlins et les sourires.


Epilogue -

Aucun allaitement ne se ressemble. La preuve en est, pour ma fille je me disais que tout roulerait après tout ce que j'avais vécu et pourtant j'ai retrouvé les mêmes difficultés. Cela a forcément duré moins longtemps, une semaine, car j'ai su trouver les armes pour m'en sortir rapidement. Mais tout cela pour dire qu'une bataille gagnée ce n'est pas la guerre. Il faut savoir s'entourer de bonnes personnes, qui nous écoutent et nous motivent sans nous culpabiliser. Il faut savoir demander de l'aide et oser frapper à plusieurs portes. Il faut savoir se dire que malgré le sentiment intense de solitude que l'on ressent dans ces moments là, nous ne sommes pas seules et trouver autour de nous d'autres qui vivent la même histoire.

L'allaitement est naturel mais savoir allaiter n'est pas inné, cela s'apprend, s'encourage et se transmet.


 
 
 

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