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Récit d'accouchement - Lettre à ma fille

Lors de ma première grossesse je participais à des cours de yoga prénatal. Ma professeur était une femme fantastique qui nous en a plus appris sur notre corps que l'ensemble du corps médical avant elle (découverte du périnée bonjour !). En plus de sa bienveillance, elle avait eu l'idée géniale de nous lire des récits d'accouchement en fin de cours. L'aventure de celles qui étaient passées avant nous et qui partageaient avec nous les bons comme les mauvais moments de la naissance. Alors comme elles avant moi, je me suis lancée moi aussi dans le récit de ma grossesse ICI et de mon accouchement. D'abord pour mon ourson à retrouver ICI et maintenant pour ma fille.


Après une grossesse sans trop d'encombre, me voila arrivée à J-0. Certaines auraient déjà craqué en arrivant à ce terme mais je suis une habituée ! Déjà l'ourson était né à J+6. J'ai des cycles longs et aime garder mes bébés, c'est comme ça ! En plus, plus je grappille de jours, plus je prend le temps de préparer son arrivée. Je range, je trie, je nettoie ... j'ai l'impression d'être une cigogne qui prépare son nid. A cette date, rendez-vous à l'hôpital. Je suis déjà dilatée mais aucune contraction de travail à l'horizon. Ce répit nous offre une jolie parenthèse avec papa ours qui a prit sa journée. Nous nous offrons un dernier restaurant en amoureux avant sûrement très longtemps (même si j'ai eu peur de perdre les eaux tout le long du repas).


J+1 toujours rien, je prends du temps avec l'ourson.


J+2, 5h du matin. Je suis réveillée par des contractions. J'en ai eu quotidiennement depuis le 4ème mois, mais là c'est différent. Elles sont très intenses, à la limite de la douleur. Je me lève et prends le temps de réaliser. C'est le moment, je le sais tout de suite ! Je vais me laver, déjeuner, préparer les derniers détails. La douleur des contractions fait réellement son apparition. Elles ne sont pas régulières mais je suis déjà à j+2, je sais que l'hôpital me gardera. Je vais réveiller Papa ours et l'ourson pour un dernier réveil à trois. Nous partons, je regarde une dernière fois derrière moi et savoure le silence dans la maison.

Nous amenons l'ourson à la crèche et je prends la décision de ne pas attendre papa ours dans la voiture, mais d'aller au bout. Je veux accompagner mon ourson jusque dans les bras de la nounou, qu'il me voit, que je le voie, profiter de lui jusqu'à la dernière seconde. Au moment de rentrer je suis prise d'une violente contraction. Je serre les dents et avance. Nous le prévenons que Papi chêne viendra le chercher. Je sens l'inquiétude dans son regard mais il comprend et se dirige vers la nounou sans dire un mot. C'est un mini déchirement pour moi, de le laisser pour accueillir un autre enfant. Mais je suis également pressée de rencontrer ma fille et qu'ils fassent enfin connaissance.


Nous arrivons à la maternité et je suis examinée, persuadée d'être emmenée en salle de travail. Je suis dilatée à 2, mes contractions sont douloureuses et font s'ouvrir le col. Mais le travaille est loin d'être fini est les sages-femmes me libèrent. A ce moment là, je suis désespérée ! J'ai mal et il faut rentrer. Le chemin du retour est abominable ! Nous passons par des routes abimées et le moindre choc me fait perdre complètement pieds. Alors que jusque-là je gérais plutôt bien les contractions, je lâche totalement prise. Je hurle, je veux que tout s'arrête ! J'ai l'impression que mon corps se déchire en deux, qu'à tout moment l'obscurité peut m'envahir. Cela doit être ça, la sensation de mourir dont on parle. Heureusement, contrairement à l'ourson, ces contractions me laissent du répit. Entre deux, je reprends mon souffle. Je suis comme un plongeur qui tape du pied au fond de la piscine pour remonter. Nous arrivons à la maison, mais pas pour longtemps. Nous avons juste le temps de manger quelque chose et les contractions sont maintenant régulières, toutes les 5 minutes. Ce qui me soulageait pour l'ourson ne fonctionne pas. 20 minutes après notre arrivée nous repartons déjà.

Dans la voiture le temps s'arrête. Je suis une poupée de chiffon que l'on ballote. La douleur est à son paroxysme. Je me lance alors dans les vocalises. Les "A" chantés me libèrent un peu, ils me permettent d'expulser la douleur sans crier. Je demande à Papa Ours de m'emmener ailleurs. En s'aidant des bases de la sophrologie, il me parle de plage, de vent qui souffle, de vagues qui roulent. Et ça marche. Je suis sur la plage, face à la mer avec l'ourson qui joue dans le sable.

Nous arrivons aux urgences à 13h et comme j'ai déjà été reçue le matin, je suis directement prise en charge. Heureusement, car (je l'apprendrai plus tard) la maternité fermera ses portes quelques instants plus tard faute de place. Je ne sais même pas comment j'aurais réagi si j'avais trouvé porte close, mais clairement cela aurait été dramatique ! Je suis dilatée à 4, je vais pouvoir être emmenée en salle de travail. Je suis soulagée, libérée d'un poids comme à la fin d'un sprint. Du coup je me relâche et la douleur me fait de nouveau vaciller. Je chante et je revois la mer. Les sages-femmes sont très surprises du procédé et me disent que je gère très bien.

La salle de travail est toute neuve avec une jolie couleur turquoise. Tout a l'air serein et les battements du coeur de ma fille sur le monitoring remplissent l'espace. J'aime ce bruit si apaisant. Je demande la péridural et cette fois-ci je la dose au minimum. Après ça, tout s'enchaine plutôt vite. Je multiplie les exercices au ballon. Pour cet accouchement je veux être la plus active possible. La sage-femme qui m'accompagne est douce et expérimentée. Je lui explique que je veux accoucher sur le coté. Elle est partante, elle l'a déjà fait. Une confiance s'installe entre nous. Elle sait que je peux le faire, je sais que je peux le faire avec elle. Tout se passe bien, j'appelle quand même deux trois fois car j'ai peur de mettre fait dessus (et oui, c'est ça aussi l'accouchement). Mon périnée n'est plus aussi performant qu'avant alors c'est l'une de mes craintes. Mais RAS.


Et vient le moment de pousser mon bébé, je le sens, elle est prête et moi aussi. Je fais appeler la sage-femme mais là on m'apprend qu'elle est sur un autre accouchement, que je peux attendre ou pousser sans elle. Il n'en est pas question, j'accoucherai avec elle ! J'attends.

Alors que jusque là, je poussais mentalement ma fille vers la sortie, là, je viens lui barrer le passage. Je sais que je lui en demande beaucoup. Je lui demande d'être patiente, que l'accouchement sera encore plus beau si elle attend encore un petit peu. J'ai peur de la faire souffrir, ou de lui envoyer un mauvais message, que je ne veux pas encore d'elle. Mais je veux juste nous offrir le plus beau des moments. J'attends 45 longues minutes. Le temps me parait insupportable et puis enfin la sage-femme revient.


Il est temps. Je m'installe sur le coté gauche, un peu maladroite. Je ne sais pas comment faire alors que cette position est plus physiologique qu'allongée sur le dos. La sage-femme me guide et je commence à pousser, mon pieds contre l'étrier et mes bras contre Papa Ours qui fait contre poids. Je pousse de toute mes forces mais pas de haut en bas, je m'étire et je contracte les abdos comme un tube de dentifrice qu'on serrerait dans sa main. Je n'ai pas relancé la péridurale avant la poussée alors je ressens vraiment mon bébé descendre doucement, glisser hors de moi. Je pousse contre Papa Ours qui se retrouve lui aussi dans l'effort et me pousse à son tour. Le sommet de la tête apparait, la sage-femme m'annonce que la poche des eaux n'est pas rompue et qu'elle est encore intacte autour d'elle. Elle est en train de naitre "coiffée". Cela porte bonheur me dit-elle. Pour m'aider, elle perce la poche des eaux qui l'éclabousse (heureusement elle avait prit soin de mettre des lunettes masque). Un dernier effort et je sens les épaules puis tout le corps sortir. Elle a le cordon autour du cou mais la sage-femme la dégage rapidement sans encombre. Elle me dit "attrapez-la" et je viens la chercher et la glisse contre moi. Cette fois-ci je ne suis pas surprise, juste terriblement heureuse de la voir, de sentir son poids sur moi et sa chaleur. Et je sais tout de suite quoi faire. Je la dirige directement vers mon sein et lui offre sa première tétée. Nous sommes émus, nous avons réussi ! Elle est là, parfaite et elle va bien ! Papa Ours est heureux de la voir et d'avoir pu participer pleinement à sa naissance. Il est 18h15 et je suis mère de nouveau. Je suis la maman d'une jolie petite fille de 3,440kg et 51cm.

La maternité est fermée. Il n'y a plus de place. Nous ne sommes pas sûrs d'avoir une chambre. Mais qu'importe, nous restons tous les trois longtemps dans la salle de travail, en peau à peau, nous faisons connaissance. Je ne suis presque pas fatiguée et je n'ai absolument aucune douleur. Accoucher sur le coté m'a permis de soulager au maximum mon périnée. Je n'ai eu aucune épisiotomie, ni déchirure. Je comprend alors que mon premier accouchement que j'avais toujours considéré comme facile, en réalité ne l'avait pas du tout été. Alors je savoure, ces moments juste de bonheur à trois, sans douleur, sans pression, sans couture.


Une chambre simple vient de se libérer. Nous sommes soulagés. Nous arrivons dans notre chambre. Ce n'est pas la même que pour l'ourson mais elle est exactement pareil. Une sensation étrange de déjà vécu mais une joie de retrouver ce lieu que nous n'avions pas voulu quitter la première fois. Ce cocon tout chaud rien que pour nous quelques jours. Je suis bien, je peux me lever seule pour rejoindre mon lit. Voila, nous y sommes. La vie à 4 va pouvoir commencer. Je n'ai qu'une hâte, retrouver mon petit garçon et profiter de ma fille.





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